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[Algérie] - DELORME, Auguste - "Voyage de Guelma à Alger". Manuscrit autogr. signé, c. 1889, [92]...

Currency:EUR Category:Everything Else / Other Start Price:NA Estimated At:250.00 - 300.00 EUR
[Algérie] - DELORME, Auguste -  Voyage de Guelma à Alger . Manuscrit autogr. signé, c. 1889, [92]...
[Algérie] - DELORME, Auguste - "Voyage de Guelma à Alger". Manuscrit autogr. signé, c. 1889, [92] ff. recto verso, 26,5 x 19,5 cm, reliés en 1 vol., demi-percaline rouge. Mouillure importante in fine affectant le plat inf. et les dern. ff. mais sans trop d'atteinte à la lisibilité, qqs traces de moisiss. in fine avec papier bruni et fragile. € 250/300 Ms. quasi sans rature, dédié par l'auteur, un avocat français installé à Guelma, à sa petite-fille Louise Riousse. Il s'agit d'une récit "a posteriori" (c. 1889) sous forme épistolaire (lettres fictives à Louise), joignant à d'authentiques souvenirs algériens un dessein pédagogique et édifiant : le fils de l'auteur était missionnaire jésuite en Chine. En mai 1887, l'avocat effectue un petit voyage de Guelma à Alger et retour via Constantine, en compagnie d'Abdallah ben Amar, un cheikh de la région de Guelma, "riche propriétaire parlant très bien le français", et, de manière intermittente, d'autres riches propriétaires, de marabouts ou d'avocats algérois. Partis en train de Guelma, ils passent par Hamman Meskoutine et Kroub, avec arrêt à Sétif; le voyage continue alors à dos de méhari jusqu'à un douar du désert, où ils passent la nuit sous tente et sont fêtés par la communauté locale; reprenant ensuite le train, ils traversent la Kabylie et arrivent à Alger où ils passent qqs jours, avec visite, par le Français, de Notre-Dame d'Afrique, du jardin d'Essai, d'un marché local, de la Kasba, hommage à la statue du maréchal Bugeaud... Au retour, visite de Constantine avec description de la ville, des gorges du Rummel et des cascades, et surtout, longue relation d'une fantasia et de courses de chevaux. Un épilogue et un ultime chapitre relatent une cérémonie de fiançailles entre Meriem, fille d'Abdallah et Abdelkader, fils d'un de ses amis, leur mariage et la "diffa" qui s'ensuit. L'auteur se plaît à décrire les plantureux repas et les mets locaux, qu'il apprécie beaucoup bien qu'il regrette un peu l'absence du pain et du vin; il admire également les vêtements de fête des hommes et va jusqu'à se vêtir à la mode locale lorsqu'il participe à un mechoui, car il estime son costume européen trop noir et "étriqué". Dans la tradition des conteurs, il rapporte de nombreuses anecdotes, notamment sur la chasse aux lions, sur les hyènes, sur le compte des avocats (!) et des huissiers et retranscrit celles de ses compagnons musulmans. Toute cette partie anecdotique et vivante est entrecoupée des considérations édifiantes : relation de longues conversations théologiques entre l'auteur et le "brave Abdallah", tous deux fervents pratiquants, culminant à la fin en une exhortation : "Redevenez chrétiens comme au temps de St Augustin, et je ne sais si je me trompe, bientôt vous auriez reconquis votre indépendance. La France et l'Algérie, unies dans les mêmes sentiments de foi, redeviendraient deux soeurs, et il ne serait plus question entre elles de vainqueurs et de vaincus. Faites que la croix que tu portes si noblement sur ta poitrine, Abdallah [i.e. la Légion d'honneur], devienne, non plus seulement un titre honorifique mais un signe d'alliance entre les deux peuples". Entretemps, l'auteur a aussi prêché contre la polygamie, contre le sort réservé aux femmes, a enseigné le Notre Père à un jeune musulman, etc etc. Intéressant manuscrit, reflet d'une époque, dans lequel l'auteur balance entre l'agrément et la beauté qu'il trouve à certains aspects de la vie arabe et le paternalisme hostile que lui inspirent certains Arabes ou musulmans, la misère et la crasse ambiantes et la religion locale.